La CIDH salue la remise en liberté de Monseigneur Rolando Álvarez et d'autres prêtres, et rejette leur expulsion du Nicaragua

18 janvier 2024

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Washington D.C.- La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) salue la remise en liberté de dix-neuf membres de l'Église catholique qui avaient été arbitrairement privés de liberté au Nicaragua ; en même temps, elle rejette leur expulsion du pays et appelle l'État à mettre fin à la persécution religieuse et à libérer tous les prisonniers politiques.

Le 14 janvier, le gouvernement a annoncé la remise en liberté et le transfert au Vatican de deux évêques, quinze prêtres et deux séminaristes de l'Église catholique. L'un des évêques était Monseigneur Rolando Álvarez Lagos, bénéficiaire de mesures provisoires accordées par la Cour interaméricaine des droits de l'homme (Cour IDH), à la demande de la CIDH, pour la protection de sa vie et de son intégrité. Cette demande était fondée sur le manque d'attention médicale et la dégradation de sa santé physique et mentale en raison des conditions graves et inhumaines de détention et d'isolement dans lesquelles il se trouvait dans les cellules de sécurité maximale du centre pénitentiaire Jorge Navarro, connu sous le nom de "La Modelo".  

Monseigneur Rolando Álvarez, qui était arbitrairement privé de liberté depuis août 2022, a été condamné à 26 ans de prison en 2023, sans procès et sans respect des règles de procédure ; il a également été frappé d'interdiction d'exercer une fonction publique et privé arbitrairement de la nationalité nicaraguayenne à vie, pour les crimes présumés d'atteinte à l'intégrité nationale, de diffusion de fausses informations, de désobéissance et d'outrage à l'autorité, entre autres. Depuis le début de la crise en 2018, Monseigneur Álvarez a été considéré comme l'une des voix les plus critiques face à la détérioration de la situation et aux graves violations des droits de l'homme au Nicaragua. Il a également joué un rôle de premier plan dans la médiation entreprise par la Conférence épiscopale au cours du processus de dialogue qui a suivi les manifestations sociales et a toujours soutenu la demande de libération des personnes incarcérées pour des raisons politiques.

Comme il a été souligné par la CIDH dans son rapport intitulé Clôture de l'espace civique au Nicaragua, la persécution contre l'Église catholique continue de s'aggraver en raison de l'arrestation arbitraire, de l'emprisonnement et de l'expulsion du pays de prêtres et de religieuses, sans garantie d'une procédure régulière ; de l'interdiction des actes religieux et de la célébration de messes ; de la fermeture forcée de stations de radio, de centres d'études et d'universités liés à différentes congrégations catholiques, entre autres actes. Depuis octobre 2023, le Nicaragua a expulsé 29 prêtres et deux séminaristes du pays.

La Convention américaine relative aux droits de l'homme reconnaît le droit de toute personne à la liberté de conscience et de religion, ce qui implique « la liberté de professer et de répandre sa foi ou ses croyances, individuellement ou collectivement, en public ou en privé ». À cet égard, la CIDH rappelle qu'un espace civique ouvert, libre et pluriel est une condition essentielle pour garantir la liberté de professer, de manifester et de pratiquer sa religion ou ses convictions sans discrimination.

La Commission exhorte l'État du Nicaragua à mettre fin aux atteintes à la liberté de religion, à la persécution de l'Église catholique et à libérer toutes les personnes privées arbitrairement de leur liberté.

La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA) dont le mandat émane de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme et de servir, dans ce domaine, d'organe consultatif de l'OEA. La CIDH est composée de sept membres indépendants, élus à titre personnel par l'Assemblée générale de l'OEA et qui ne représentent pas leurs pays d'origine ou de résidence.

No. 018/24

2:36 PM