La CIDH condamne l'escalade de la violence et les attaques des groupes armés en Haïti

7 mars 2024

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Washington, D.C. - La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) exprime sa profonde préoccupation face à l'escalade de la violence en Haïti et condamne les attaques perpétrées par des groupes armés contre des postes de police et des prisons, qui ont provoqué des morts, des blessés et l'évasion de plus de 3 500 détenus du pénitencier national de Port-au-Prince au cours du week-end dernier. De plus, des informations publiques indiquent que des gangs haïtiens ont tenté de prendre le contrôle de l'aéroport de Port-au-Prince le 4 mars 2024.

Les événements récents marquent un autre niveau dans l'escalade de la violence en Haïti, un pays qui traverse une profonde crise humanitaire, sociale et politique impactée par la violence perpétrée par des groupes armés, comme l'a souligné cette Commission dans son précédent communiqué de presse du 21 février 2024. Selon l'Organisation des Nations Unies (ONU), 80 % de la capitale haïtienne est contrôlée par des gangs. Cela a conduit à une augmentation significative de la violence, y compris les homicides, des violences sexuelles et les enlèvements, forçant la population haïtienne à vivre dans la peur. Qu'en janvier 2024 seulement, plus de 1 000 personnes ont été tuées, blessées ou enlevées. La violence et les guerres entre gangs ont fait qu'environ 300 000 civils se sont retrouvés sans abri, et l'augmentation de la violence sexuelle et d'autres formes de violence fondée sur le genre a eu un impact grave sur la vie des femmes et des filles dans le pays.

La Commission a été également informée des attaques perpétrées par des groupes armés dans des postes de police et au moins deux prisons du pays au cours du week-end dernier, qui ont entraîné l'assassinat d'au moins 12 personnes et de plusieurs policiers blessés et qui ont permis l'évasion massive de plus de 3 500 prisonniers du pénitencier national de Port-au-Prince, qui avaient bénéficié des mesures conservatoires par la Résolution N° 13/17 de la CIDH du 26 mai 2017. À cette occasion, la Commission a demandé à l'État d'adopter des mesures visant à protéger la vie et l'intégrité personnelle des personnes incarcérées.

Ces événements soulignent le besoin urgent de mesures efficaces pour renforcer les mécanismes de sécurité et assurer la sécurité de tous les citoyens. Dans ce contexte, la CIDH prend note de l'état d'urgence de 72 heures déclaré par le Gouvernement le 3 mars 2024.

La crise humanitaire en Haïti nécessite une attention et une assistance immédiates de la part de la communauté internationale, comme l'a réitéré la Commission dans différentes déclarations et rapports publiés au cours de la dernière décennie, en particulier dans son rapport sur le pays en 2023, ainsi que lors de sa dernière audience publique sur Haïti, déroulée dans le cadre de la 189e période de sessions de la CIDH.

Une fois de plus, la CIDH exhorte vivement la communauté internationale à rechercher et/ou à promouvoir des solutions globales et durables à la crise à travers un processus de dialogue pacifique et inclusif, des élections libres et équitables et le renforcement des mécanismes de sécurité. Ces solutions doivent intégrer la protection des droits de l'homme dans une perspective de genre et d'intersectionnalité, le renforcement des institutions démocratiques, la consolidation des institutions chargées de la sécurité des citoyens et le rétablissement de la confiance des citoyens dans les institutions publiques.

Compte tenu des défis à relever, la CIDH insiste sur son appel à la communauté internationale, en particulier aux États de la région, à mettre en œuvre des mécanismes d'assistance, y compris par la mise en œuvre immédiate de la Résolution N° 2699 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui établit la Mission multinationale d'appui à la sécurité en Haïti. Ces mécanismes devraient adopter des mesures qui incarnent concrètement les principes des droits de l'homme, de la solidarité et de la coopération. En étroite collaboration avec les représentants de l'État haïtien et de la société civile, ces efforts devraient également donner la priorité à la mise en place, au renforcement et au soutien des capacités institutionnelles, des réseaux de la société civile et des politiques publiques.

La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États américains (OEA), dont le mandat découle de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme dans la région et agit en tant qu'organe consultatif auprès de l'OEA dans ce domaine. La CIDH est composée de sept membres indépendants qui sont élus par l'Assemblée générale de l'OEA à titre personnel et ne représentent pas leur pays d'origine ou de résidence.

No. 048/24

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