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Speeches

ENRIQUE IGLESIAS, PRESIDENT, INTER-AMERICAN DEVELOPMENT BANK
ENRIQUE IGLESIAS AT THE OAS LECTURE SERIES OF THE AMERICAS "THE AMERICAS: FROM ECONOMIC INTEGRATION TO FULL COOPERATION". TRADUCTION FRANÇAIS FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ SAN MARTÍN DE PORRES.

8 février 2005 - Washington, DC


Messieurs le Président du Conseil permanent, Secrétaire général intérimaire, Président du Comité d’affaires juridiques et politiques, Doyen, Représentants, amis ici présents et qui suivez la transmission. Je voudrais commencer une fois de plus par remercier l’OAS pour cette invitation qui est un très grand honneur et aussi pour le fait de m’avoir confié cette initiative. L’Ambassadeur Alberto BOREA m’avait dit il y a quelque temps de quoi il s’agissait et j’ai pensé que c’était une excellente idée que d’avoir l’occasion d’un dialogue et de profiter des nouveaux systèmes de diffusion de manière à le partager avec les Amériques. Je crois que c’est une excellente idée. C’est bon pour nous, bon pour l’OAS, bon pour nous tous, et pour cette raison nous avons accepté de participer et de partager certaines idées en ce qui concerne le sujet que je voulais vous présenter. C’est un grand plaisir pour le président de l’IDB de se trouver à l’OAS, nous faisons partie de cette famille, nous sommes nés sous leurs auspices, et dans une certaine mesure nous avons bien été conçus dans cette même organisation il y a plusieurs années de cela. Je rappelle souvent quelque chose que nous avons souligné avec la brève histoire de comment la banque est née il y a 40 ans. C’est quelque chose que tout le monde ne connaît pas et ceux qui se souviennent de la conférence de 1888 ou 89 environ, comme de la conférence qui a signifié l’essor de la longue marche qui s’est finalement conclue par l’établissement de cette organisation. Mais parfois ce que nous oublions c’est que dans cette conférence organisée par le gouvernement des Etats-Unis ou plutôt par le Congrès des Etats-Unis qui a demandé au Président d’organiser cette rencontre, il y avait trois initiatives. L’une d’elles était la création d’un marché commun, la deuxième était l’établissement d’une monnaie commune et la troisième, l’établissement d’une banque. Donc, avec la naissance de l’OAS, il y avait également cette idée d’établir la banque ; vous avez mis 20 ans, nous avons mis 70 ans. Ce temps de remise a été plus long mais nous avons enfin fini par être créés après plusieurs des réunions qui ont été tenues au sein de l’OAS pendant une période de plus de 70 ans. Les projets ont été négociés et discutés jusqu’à ce que, finalement, l’institution a été créée grâce à la rencontre entre le Président EISENHOWER et le Président KUBTISCHEK. Nous nous sentons donc chez nous ici et c’est un plaisir de partager avec vous quelques résultats de nos expériences personnelles et institutionnelles. Quand on m’a remis le titre de la conférence : Les Amériques, d’une intégration économique à une entière coopération, la première question que je me suis posée à moi-même a été : de quelle intégration sommes-nous en train de parler ? Sommes-nous en train de parler d’une intégration régionale ou de l’Amérique latine et des Caraïbes ou sommes-nous en train de parler de l’intégration hémisphérique ? Et je crois vraiment que c’est le sujet principal depuis que nous sommes dans l’OAS. Mais néanmoins, cela vaut la peine de préciser ceci car le terme et la coopération empruntent plusieurs chemins dans notre région. Nous avons la voie régionale dans le sens strict de l’Amérique latine et des Caraïbes. Nous avons la voie hémisphérique et ceci à donné essor à l’hémisphérisme, si vous nous permettez de créer un mot, et finalement nous avons une coopération globale ou internationale à travers les entités globales. Dans les trois secteurs, l’Amérique latine est véritablement l’exemple d’une action importante, parfois insuffisamment appréciée, mais la région a joué et possède des actions importantes dans le domaine de l’intégration régionale de l’Amérique latine et des Caraïbes. Pendant plusieurs années, ils ont déjà été actifs dans la coopération hémisphérique, et ils ont une participation croissante dans le milieu international. Le régionalisme en Amérique latine est né du temps de Bolivar, et cela a été probablement le premier appel à la coopération parmi les pays pour construire ensemble un avenir commun. Et honnêtement, nous devrions dire que si nous regardons nos régions et ces quelques 200 ou 180 années d’expérience, en dépit de quelques conflits douloureux, cette région, cependant, dans sa lutte pour la paix, ne cède sa place à personne d’autre. C’est important de l’indiquer. Nous avons eu plus d’années de paix que de guerre ou de conflit mais il y a aussi eu plusieurs années de construction, et cette organisation a été au centre d’un grand nombre de ces activités. Dans les années cinquante, on a un certain niveau de régionalisme économique au CEPAL à l’époque, et Raul PREVICH a commencé à inclure le modèle économique de substitution d’importations, et cela selon son point de vue du régionalisme, et il le fait avec une vision large parce qu’en 1952, ces graines ont été semées pour l’intégration économique de l’Amérique centrale, et cela a même été réalisé avant l’intégration européenne. Il y avait une initiative mais elle n’était pas encore formellement établie en Europe. Et je pense que ce régionalisme était réellement basé sur la vision de PREVICH. En 1959, il a publié un document traitant des limitations d’un développement selon des compartiments isolés et comment il était nécessaire de passer à une phase dans laquelle nous aurions des processus d’ouverture des marchés, et il l’a vu à cette époque, comme le fit l’Europe, comme l’expansion de marchés régionaux, et c’est là que le régionalisme fermé est né, avec des réalisations limitées fondées sur l’expérience de ces années, mais c’était un pas important à faire pour connaître le suivant qui serait meilleur. Le commerce en Amérique était très limité. Je crois que c’était 5% du commerce mais au moins cela nous a donné l’opportunité de pouvoir nous connaître, non seulement pour rencontrer les agents économiques publics mais aussi les privés ; les principaux contacts entre entreprises ont alors commencé. Je me souviens des grands espoirs que nous avons eus en 1959 quant à Montevideo, nous avons eu la première agence, mais cela a également eu pour résultat l’établissement des banques régionales, le Pacte andin, le Marché d’Amérique centrale, les Partenariats commerciaux des Caraïbes ; ce régionalisme était très puissant dans la première phase du régionalisme fermé. Dans les années 90, après les crises économiques majeures et la dette des années 80, quand le processus de réforme a commencé en Amérique latine, quand la Guerre froide a terminé, on aurait pu penser que peut-être le régionalisme allait être mis de côté, mais au contraire, il a été en réalité revigoré d’une manière que personne n’espérait. Et il était basé sur le nouveau concept de développement économique et politiques économiques. Le régionalisme des années 90 est le résultat de la vision d’une économie stable, une économie qui suit les règles du jeu et du marché et qui s’ouvre au marché où le régionalisme ne rend pas uniquement le marché régional plus fort, mais s’ouvre au reste du monde. Il est important de voir la contribution de ce régionalisme entre 1957 et 1990 et jusqu’à cette date. Il y a plus de 162 accords qui ont été dénombrés sous le GATT ou le WTO, plusieurs d’entre eux approuvés après 1990. Ceci montre la force que le régionalisme a acquise dans notre région. De plus, il existe plus de 37 accords sous-régionaux parmi des groupes de pays tel que l’accord récent avec le Mercosur, et ceci montre comment cette dynamique continue, comment les nouvelles explorations continuent et les nouvelles directions, et avec de nouveaux gouvernements. Mais d’autres choses ont également été ajoutées à ce régionalisme ouvert, la coopération spécifique, quelques-unes sont très intéressantes. Nous avons l’UNIRSA, qui engage l’Amérique du Sud, nous avons également le Plan Puebla Panamá, qui fait référence à l’initiative mexicaine avec l’isthme d’Amérique centrale. Il y a d’autres lignes d’action ambitieuses. Nous parlons aujourd’hui de choses qui sont bien plus profondes telles que la coordination macroéconomique, de restructurations d’impôts, en d’autres mots, la notion de séparation s’est développée indirectement grâce à cette attitude et ce qui est plus important peut-être est quand l’Amérique latine et les Caraïbes commencent à regarder vers le Nord, et je pense que l’un des pas qualitatifs majeurs de ce régionalisme à été l’Accord NAFTA entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada, l’accord entre le Chili et les Etats-Unis, l’accord du Mexique et du Chili avec l’Union européenne, la récente approbation du KAFTA, les négociations qui sont actuellement en cours avec les pays andins. Ce régionalisme est donc en train d’accumuler graduellement des forces qui sont externes par rapport à la région et ceci est un élément nouveau. Donc, cette transition signifie que la région a toujours été très active quant au régionalismes que je viens de citer, ouvert et fermé. La seconde ligne majeure est la ligne ou la voie hémisphérique comme je le disais il y a quelques instants, et elle est née sous l’Union panaméricaine, et c’est l’un des plus grands exemples de coopération que je connais parmi les pays en voie de développement et même entre les pays développés. Il n’y a pas beaucoup d’institutions qui disposent de la marge de manœuvre produite par l’OAS au cours des ans ; cela va depuis la coopération économique, la coopération sociale, la coopération politique, la coopération en matière de droits humains et la coopération militaire. En d’autres termes, ils ont incorporé des éléments qui sont des chefs-d’œuvre comme les niveaux démocratiques. Et tout ceci montre comment cette vision hémisphérique a gagné du terrain dans un vaste éventail d’activités, et l’un des éléments importants a été l’Alliance pour le progrès. J’ai travaillé avec eux il y a de cela plusieurs années. Je me souviens de 1990 et 1994 : le début du processus du Sommet des Amériques. Quand vous voyez cela en perspective vous devez admettre que, dans une certaine mesure, nous observons une action hémisphérique, une action dynamique. Un dernier pas principal qui a favorisé ce sommet a été ce mouvement vers la FTAA, une initiative qui est actuellement en cours et qui, avec un peu de chance, sera renforcée par des consultations entre les coprésidents, et je crois que nous avons ici un autre élément important à ne pas oublier. La troisième grande voie pour la coopération en Amérique latine a été la voie globale. Nous avons eu la rencontre du GATT à la Havane. L’Amérique latine y a joué un rôle capital, et tout au long de la vie du GATT, l’Amérique latine a été extrêmement active dans ce club. C’était plus quelque chose comme un club des pays développés, des pays industrialisés, mais je crois que 1986 a réellement été le point de départ d’une présence importante de l’Amérique latine et des Caraïbes dans le débat international sur les questions du commerce. Et le lancement de l’Uruguay round en 1986, qui s’est achevé au début des années 90 est un pas historique avec lequel cette région, en tant que telle, prend un rôle capital dans l’harmonisation des directions du commerce global. Maintenant ils sont en train de le démontrer à Cancun et aussi dans les négociations de Doha, donc je pense que la région a de nouveau ici, au fil des ans, joué un rôle important et je pense que c’est quelque chose que nous pouvons voir dans les initiatives avec la coopération européenne. Nous pouvons le voir dans la coopération avec les pays asiatiques et avec des pays développés sous la direction du Président LULA. Il existe une projection internationale et ceci fait partie de cette initiative sur trois fronts et des activités que la région a entreprises en matière de commerce et coopération. Regardons certaines des conclusions, seulement quelques-unes parce que nous n’avons pas le temps de décrire tous les détails. La première chose est que cette région est intéressée et devrait être intéressée par le développement des trois voies. Nous sommes intéressés par le fait d’avoir même une intégration plus poussée des pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Nous sommes aussi extrêmement intéressés par le fait d’augmenter les relations hémisphériques et extrarégionales, et bien entendu nous voulons également que le monde entier débute avec un nouvel ordre commercial basé et étant axé sur la WTO, et nous sommes également intéressés par le fait d’assurer qu’il y ait des relations entre les différentes voies car la coordination entre les pays dans la région pourrait également faciliter les accords de la FTAA, de la même façon que les accords qui nous permettent d’aller de l’avant selon les directions de Doha nous permettraient de résoudre des questions qui sont actuellement des obstacles pour la réalisation des buts de la FTAA, par exemple. Je crois donc qu’il y a une interaction qui nous permet de voir que le sujet est bon. C’est bon pour la région d’être actif dans tous les secteurs et développer de plus ces processus car ils interagissent les uns avec les autres. Il est important, cependant, de faire remarquer que ces accords qui à l’origine avaient un profil éminemment commercial, se sont ouvert dans la pratique à toute une série d’attentes et de nouvelles lignes de coopération dont nous n’étions pas conscients il y a 20 ou 30 ans en arrière. Et nous avons essentiellement vu trois modèles : une coopération qui se développe après un accord commercial, où il y a de nouvelles activités commerciales, celles qui entraînent une coopération dans d’autres secteurs d’activités communes entre les pays, tels que les accords avec l’Union européenne ou en parallèle comme dans le cas de la FTAA, et une coopération qui est réalisée sans qu’il y ait aucun accord commercial en place. Ce qui est important le long de ce processus de coopération, du moins selon mon point de vue, est que ces accords commerciaux sont le point d’appui, et parfois même le point de départ pour une coopération dans des activités économiques élargies, des politiques microéconomiques, des politiques sociales, le travail, l’emploi, l’environnement, la culture et aussi la coopération politique. CARICOM est un exemple excellent où la coopération a commencé par être commerciale mais s’est maintenant étendue aux autres domaines que je viens juste de mentionner, et je pense que l’Union européenne est peut-être le cas le plus exemplaire, qui se présente actuellement devant nous comme une Europe extrêmement riche et prospère et avec beaucoup de cohésion sociale. Donc, le point de départ basé sur le commerce a rendu cela possible, a fourni un support pour d’autres objectifs. Ceux-ci peuvent être économiques, politiques, sociaux, culturels, et ce sont ceux qui constituent vraiment la contribution et le support que nous pouvons appeler coopération élargie. C’est très important pour nous de tenir en compte de ceci comme du point clé : comment les programmes commerciaux peuvent être le point de départ pour toutes sortes d’autres coopérations élargies dans lesquelles travailler et qu’il faut développer dans les prochaines années en suivant les trois voies que j’ai indiquées antérieurement. Nous avons donc vu des voies principales pour la coopération et des phénomènes qui nous permettent de bouger à partir d’aspects purement commerciaux vers une coopération dans des secteurs que le titre de cette conférence a appelé "entière coopération". En réalité, une entière coopération est très ambitieuse, cela veut dire que nous avons une plus grande coopération politique. J’appellerais plutôt ceci la coopération élargie, parce que tout autre chose est en projet pour l’avenir, mais c’est ce que nous avons aujourd’hui. Quand je vois que ceux-ci sont nos instruments de coopération, je me pose la question, aujourd’hui, en l’an 2005 : quels sont les principaux chocs en Amérique latine pour ses programmes de développement économique qui doivent être la plate-forme pour construire les nouvelles formes de coopération, et chercher le nouveau support ? J’ai identifié quatre, peut-être cinq secteurs, que je pense qui, aujourd’hui et selon le point de vue de la banque, sont extrêmement importants à souligner comme les défis, opportunités et possibilités majeures pour l’avenir. Le premier est la globalisation. C’est maintenant un fait, cela a été largement discuté et aujourd’hui nous avons une région qui est confrontée à la globalisation. Nous avons une globalisation du commerce, une globalisation financière qui a provoqué tant de maux de tête dans ces dernières années parce que sa complexité était plus grande que celle qui était espérée et nous n’étions pas vraiment préparés pour faire face aux défis du marché des capitaux. Ensuite nous avons les problèmes des investissements, nous avons des secteurs hautement compétitifs et la véritable globalisation des grandes sociétés qui commencent à sentir l’impact de cette nouvelle grande société globale, une nouvelle notion qui m’impressionne beaucoup par ses dynamiques et tout ce qu’elle favorise. Donc, tout ceci est un défi majeur pour la région. La globalisation et notre insertion dynamique dans ce processus, un processus que nous voulons joindre, un processus qui signifie des opportunités, mais aussi des risques et des dangers énormes, et nous devons reconnaître ceci dès le début. Le second front, qui je crois est très important et qu’il convient de souligner, est le violent changement dans la géographie économique du monde. Nous devons apprécier ici l’élan de l’Asie ; nous devons nous concentrer particulièrement sur la Chine. Aujourd'hui c’est une indication, un point de référence à travers l’expérience, aussi une opportunité car elle est en train de nous ouvrir ses portes pour exporter des matières premières, et un défi car c’est un concurrent formidable. Parfois nous avons dit que le phénomène chinois, le phénomène indien également, est quelque chose qui ressemble à ajouter un premier étage au monde dans le secteur économique. Et ce deuxième niveau est un défi majeur dans ces trois niveaux. Nous devons comprendre ce qui s’est passé dans cette région, c’est ainsi que des pays comme la Chine et l’Inde ont réussi à vaincre la pauvreté en vingt ans. Nous qui avons de la pauvreté dans nos pays devons voir ce que ces pays ont été capables de faire. C’est également une grande opportunité car la Chine est aujourd’hui une de nos principales destinations pour nos matières premières et nos denrées. Dans une certaine mesure, je pense que ceci est très important. Peut-être sommes-nous en train d’ouvrir une nouvelle opportunité historique pour l’Amérique latine, qui est la réévaluation de denrées et de matières premières à travers des revenus de grande envergure et une énorme présence de ces marchés, qui ont pratiquement multiplié le nombre de personnes par deux. C’est donc une opportunité capitale mais nous avons aussi un autre aspect dont certains pays sont bien conscients, qui est la formidable concurrence que nous affrontons depuis cet énorme pays compétitif avec tellement d’atouts sur tous les fronts. Donc, le changement dans la géographie est quelque chose qui nous intéresse particulièrement. Le troisième sujet est le choc technologique, qui inclut, bien entendu, la technologie de l’information, et là nous devons reconnaître que c’est un choc qui nous concerne vraiment. L’Amérique latine était structurellement faible du point de vue technologique. Nous sommes en train d’être dépassés, dangereusement dépassés, en comparaison par rapport au monde à l’extérieur, c’est pourquoi nous sommes en train de constituer dans la banque un fonds pour l’innovation technologique, qui nous croyons est important, fourni par le gouvernement de la Corée, qui est dans la banque actuellement, et également de créer un département spécial dans lequel une éducation et une technologie d’un niveau plus élevé sont combinées en un front commun, qui représente actuellement un très grand défi pour la région. Si la région ne fait pas un effort consciencieux, un effort délibéré avec un soutien politique total pour améliorer la qualité de ses ressources humaines, sa capacité à innover d’un point de vue technologique, je crains que nous soyons dans le dernier wagon du train et ceci serait un sérieux problème pour cette région. Nous sommes en train de faire vraiment peu en termes qualitatifs. Tout ceci nous laisse à notre quatrième défi, qui je crois est important et qui est la compétitivité, qui va de pair avec ce que j’ai dit plus tôt : il y a un sérieux problème de croissance. Nous devons regarder le monde, et regarder le monde que nous avons pour reconnaître que c’est dans cette compétitivité que se joue notre vie. Dans l’avenir, le monde qui ne fera pas partie de la compétition ne vivra pas, ne survivra pas, et l’Amérique latine, en cas contraire, ne peut pas vivre juste de l’exportation de matières premières, parce que ceci nous apporte de l’argent de l’étranger mais pas de l’emploi. Nous devons augmenter la qualité de nos exportations. Il se produit déjà des choses importantes dans la région. La rénovation de l’agriculture, par exemple, a revêtu la plus grande importance, mais il s’agit d’un sujet de compétitivité et de défis de première importance. Je me demande comment nous pourrions demander de la coopération depuis toutes ses sources, pour soutenir ces nouveaux éléments antérieurs, régionalement, d’abord nous devons demander cette coopération étendue, le soutien à nos efforts de compétitivité puis ensuite vient le thème de l’infrastructure, l’intégration devient un élément important, les sommets l’ont montré clairement. Tout ce que je suis en train de dire est traité par les sommets dans une certaine mesure. La question de l’infrastructure aujourd’hui, dans une région qui a besoin d’investissements pour un montant de 70 milliards de dollars par an en matière d’énergie, transports, communication, eau, est vraiment un formidable défi. C’est un sujet de la plus haute importance avec lequel nous devons compter. Dans la deuxième phase, ce que nous avons dit précédemment, le besoin de développer des mécanismes de coopération qui s’élargissent en des termes d’éducation et innovation technologique supérieures, nous ne pouvons pas cesser de demander une coopération élargie le long de ces voies. Nous sommes concernés par une autre voie qui est le développement du marché des capitaux. L’une des faiblesses dans le choc financier des dernières années a été le peu d’épargne et de capitaux en Amérique latine. Ici nous avons une alternative qui a la priorité ou à laquelle nous devrions donner la priorité, qui est fondamentale, de telle sorte à ce que la région puisse mieux se défendre financièrement et puisse mieux s’alimenter avec les ressources produites par sa propre capacité d’épargne dans les marchés de capitaux, les marchés de capitaux grandissants. Une quatrième voie est comment cette coopération peut continuer à soutenir le développement politique. L’OAS a conduit une énorme tâche le long de ces voies. C’est très important pour cette organisation d’être consciente et d’assumer cette responsabilité comme elle est en train de le faire avec la plus grande priorité. Et j’ai également mentionné quelque chose qui va de pair avec ce que j’étais en train de parler et c’est le thème de la coopération pour les ressources en cas de désastres naturels. Nous devons faire beaucoup plus attention aux désastres naturels. Nous agissons quand se développe la coopération régionale quand un désastre survient partout dans le monde, mais cela est en train de devenir un vrai fardeau pour certains pays dans les Caraïbes, l’Amérique centrale, et le Groupe des Andes. Il est nécessaire que cela fasse partie aussi d’un programme prioritaire pour la coopération, une coopération élargie en ce sens. Ces sujets ont déjà été traités, mais je suis en train de vous citer une petite partie de ce qui, je crois, est en première ligne d’un programme pour la coopération, une coopération élargie comme le suggère le titre de cette rencontre. Comment y parvenir ? Comment pouvons-nous d’une manière ou d’une autre stimuler cette coopération élargie ? Les sommets, comme je l’ai dit, ont apporté des réponses à cela. Comment rendre viables ces objectifs ? D’abord je vais insister sur la thèse centrale, que je veux vous laisser aujourd’hui, que j’ai indiqué auparavant. Je crois que les accords, les accords commerciaux, sont le point d’appui le plus important pour cette coopération élargie, et ceci est en train d’être garanti par toutes les expériences dans les époques récentes. Peut-être l’expérience européenne est la plus significative, la plus révélatrice. Ceci a étendu les moyens pour cette coopération élargie ; ces accords sont des moyens, qui peuvent nous permettre d’élargir la coopération dans toutes les matières. Et, fondamentalement, ce troisième mécanisme de discipline. Nous avons vu comment les mécanismes de coopération en matière de commerce, dûment négociés bien entendu, convenablement négociés, ce qui est le cas de la relation du Canada et des Etats-Unis avec l’Europe, tout ceci a un sens profond d’ancrage, décisions dans les politiques, ancrage de l’activité macroéconomique, et produisent des opportunités pour étendre cette coopération dans un sens croissant selon moi tout comme pour notre personnel de la banque. C’est une grande conviction que nous avons et que nous pouvons observer dans le comportement systématique quant à ce thème dans d’autres cas. Une deuxième réponse à la question : comment est-ce que cette coopération élargie pourrait ne pas fonctionner ? Si le programme de politique intérieure n’est pas présent avec des réponses propres, et une réponse propre est celle de faire face au problème, le problème social de la région : pauvreté, distribution des revenus, exclusion, chômage. Donc, d’une façon ou d’une autre, nous sommes en train de porter nos regards sur ce front pour une coopération internationale basée fondamentalement sur des accords de coopération, l’idée d’avoir un programme de politique intérieure qui commencerait à donner la priorité à ces thèmes, car il est très difficile d’avoir une coopération élargie telle qu’un redressement social, comme ceux d’Amérique latine et des Caraïbes. Aujourd’hui, je crois que c’est nécessaire de reconnaître une fois de plus que le problème de la pauvreté est essentiellement un problème de politique intérieure que la coopération internationale peut contribuer à mitiger, si nous parvenons à obtenir un accès aux marchés et éliminer le protectionnisme qui porte violemment atteinte ou limite les revenus que certains de nos pays reçoivent, particulièrement les secteurs pauvres dans nos pays. N’oublions pas que le programme sur la pauvreté est un programme de politiques nationales de base, et le monde international de la coopération doit comprendre que la meilleure façon pour coopérer dans ce secteur, le moyen le plus efficace est d’ouvrir les opportunités pour le commerce, l’accès aux marchés, et provoquer une diminution dans le protectionnisme, le protectionnisme agricole, dont nous sommes tous conscients. C’est le premier sujet du programme, du programme de politique intérieure. Le deuxième sujet du programme de politique intérieure en cet état de choses, pour moi, est d’essayer de comprendre que s’ouvrir au monde par le moyen d’un mécanisme d’intégration sur tous les fronts signifie qu’il est nécessaire de se préparer. Bien sûr cela comporte des négociations adéquates. Les pays ont besoin d’avoir une capacité de négociation, ils devraient la développer, mais cela indique aussi de manière très importante qu’il faut introduire des réformes structurelles en vue de cette ouverture. Nous venons de dire à nos amis d’Amérique centrale, soyez prudents, cette ouverture est fondamentale pour vous dans plusieurs aspects mais vous devez vous préparer parce que les temps pour l’ajustement commencent aujourd’hui. Par conséquent, c’est fondamental ; nous donnons une très grande priorité aux changements structuraux, sinon nous pourrions être terriblement frustrés. L’ouverture est une rue à deux voies. Nous importons et exportons. Nous pourrions trouver uniquement des frais mais non pas des bénéfices. Mais dans ce cas nous aurions plusieurs espoirs aujourd’hui et beaucoup de larmes après. Donc je pense que d’une manière ou d’une autre, cette modification structurelle est importante et nous prenons ceci très au sérieux. Nous sommes en train de jouer le rôle de pionniers au Costa Rica, nous travaillons depuis un an et demi dans ce pays pour développer la coopération à grande échelle en ce qui concerne le pays, car nous voulons traiter le sujet de la coopération pour préparer les pays à l’ouverture, autrement nous allons payer des coûts très élevés et obtenir très peu de bénéfices. C’est là le deuxième front, le programme de politique interne, concernant l’aspect social et la préparation à l’ouverture. Le troisième front est de travailler sérieusement, tranquillement sur le sujet de la solidarité, la solidarité parmi ces pays qui peuvent faire plus et ceux qui peuvent faire moins. Il existe toute une gamme de pays dans les Amériques. Ceci veut dire que d’une façon ou d’une autre nous devons reconnaître qu’il y a d’énormes différences entre les pays comme en Europe à un certain moment, les pays méditerranéens, et il existe une conscience à ce sujet et il y avait un engagement de solidarité parmi eux quant à tout ceci. Je crois que d’une manière ou d’une autre c’est un sujet qui a placé de nouveau le centre des préoccupations dans le cas du Mercosur. Par exemple, nous avons vu le président DUHALDE traiter le sujet, mais je crois que si nous allons nous lancer dans cette énorme aventure que signifie pousser ces pays en avant depuis une justice sociale avec une intégration plus grande à l’ouverture, nous devons comprendre que c’est dans l’intérêt de tous, et la solidarité de ceux qui peuvent faire plus comparée à ceux qui peuvent faire moins devrait être un point sur lequel les deux devraient réfléchir. Je crois que d’une manière ou d’une autre, ceci peut être réalisé par le moyen d’emprunts, et c’est pourquoi nous et la Banque mondiale sommes ici. Je crois que la coopération et les fonds de coopération devraient faire partie du débat pour mettre en avant le principe de solidarité, qui se manifeste financièrement mais qui se reflète aussi dans d’autres éléments, particulièrement dans le processus de négociation d’accords de libre commerce. La quatrième réponse à comment est la coopération cumulative. Parfois, je suis inquiet du fait que, portés par l’enthousiasme des différents fronts de coopération, nous entamions une série d’objectifs et ensuite nous ayons peu de capacité pour les atteindre, pour les mettre en application, donc je pense que d’une façon ou d’une autre, il est important que dans la sélection de priorités nous travaillions fondamentalement dans le secteur du possible, et non pas dans le secteur de ce qui est désirable. Je le dis car parfois ceci nous place dans le champ de la frustration et de la douleur qui sont mauvaises pour le processus en soi. Ainsi, une fois que nous consolidons nos réalisations sur quelques objectifs, nous pouvons aller de l’avant et faire des progrès plus fermement. Finalement, je soutiens que le dernier point du comment est de renforcer les institutions régionales. Très souvent il arrive que nous fournissions des mandats aux institutions et non pas des ressources. Donc il est très difficile de respecter les engagements et nous devenons tous très frustrés, aussi bien ceux qui demandent que ceux qui ne peuvent pas donner. Je pense donc qu’il est très important que ces organisations se rendent compte qu’elles ont certaines limites par rapport à ce qu’elles peuvent faire, et nous devons placer les choses dans le champ du raisonnable et du possible. Ceci est l’une des meilleures manières de renforcer la capacité d’action de ces organisations. Voici donc quelques-uns des commentaires que j’avais à vous faire. Je crois que c’est un moment spécial en Amérique latine, un événement exceptionnel et j’ignore combien de temps il va durer, mais nous nous trouvons dans une période d’optimisme, d’optimisme prudent, je dirais. Nous commençons à grandir une fois de plus dans une atmosphère internationale ou un cadre favorable. Ceci va durer, mais bien sûr nous avons tous les mêmes énigmes. Mais peut-être que le grand capital que nous avons acquis en Amérique latine est le nombre de bonnes et mauvaises expériences que nous avons eues, et je crois que ceci donne lieu à certains points spécifiques sur lesquels le débat a déjà été maîtrisé par l’histoire et les faits. Un point est certainement constitué par les équilibres économiques ; nous ne pouvons pas jouer avec la macroéconomie, et l’autre est la nécessité d’avoir un marché efficient avec aussi une phase d’efficience à l’arrière plan, deux choses qui vont ensemble. Nous avons besoin de marchés car ce sont les meilleures ressources assignées, mais l’état devrait également contribuer avec des éléments qui peuvent réglementer les marchés et compenser les secteurs relégués et nous permettre à tous de participer dans le processus de changement. Et quant à l’ouverture économique, je crois qu’aujourd’hui nous en sommes vraiment convaincus, le monde entier est convaincu, l’ancien monde socialiste que la Chine a connu, l’Inde, la recherche de ces pays montre sans aucun doute que le progrès se fait à travers une ouverture sélective et intelligente. Nous avons trois voies par lesquelles nous avons été capables de développer l’ouverture. La gamme d’opportunités est trop large pour être trop pragmatique sur ce point, pour nous permettre d’aller de l’avant. Je pense que si nous parvenons à développer cette ouverture, cette ouverture sera une source très importante de cette coopération élargie vers laquelle tend le titre de cette conférence. Merci beaucoup.

(Réponse à la première question)
Bon, écoutez ; je ne sais pas quel conseil je peux vous donner. Je ne suis pas au courant d’un nouveau paradigme. Ce que je peux vous dire pourtant c’est que nous avons eu tellement d’expériences accumulées dans la région au cours des années, mais pour moi plus qu’un nouveau paradigme, je préfère parler d’un paradigme cumulatif. Prenons les choses qui sont en train de bien marcher, qui marchent ailleurs, et en laissant de côté la série de consensus comme je viens de le citer juste maintenant. Je pense que ce que le modèle cumulatif nous indique c’est que nous devons avoir certainement une macroéconomie saine dans laquelle nous pouvons manier et gérer la politique fiscale, et une politique de surveillance avec prudence pour être capable d’assurer la stabilité. Je pense que nous pouvons tous être d’accord sur cela. Une chose intéressante dont certaines personnes ne se rendent pas compte est que le grand processus d’inflation en Amérique latine est fini. Nous avons eu un certain nombre d’années mais nous pouvons nous en souvenir comme du passé. L’Amérique latine est une région stable aujourd’hui. Ceci est très important. Et je crois que c’est un point qui doit venir à l’esprit pour tout modèle que nous pouvons vouloir développer comme une partie de l’équation. Deuxièmement, je crois que nous pouvons tous être d’accord, comme je viens de le dire maintenant, que le marché a été le meilleur donneur de ressources, mais il y a d’importantes défaillances dans les marchés qui doivent être corrigées. Les règles du jeu pour le marché doivent être les règles du jeu, ce qui sera réellement tenu en compte pour l’efficience et aussi le respect des différents facteurs posant les conditions dans le marché. Je pense qu’ici le sujet de l’état doit être mentionné, doit être considéré. Pendant un moment nous avons pensé d’une manière exagérée, que nous pourrions vivre sans l’état. Dans les années 90, il y avait un courant, un courant néolibéral, qui nous a conduit à comprendre que c’était le cas. Mais ceci n’est pas le cas, tout le monde a besoin d’un état. Bien sûr, l’état ne peut pas asphyxier l’activité privée. Il doit contrôler et il peut compenser et garantir l’application des règles du marché. Et par-dessus tout, le thème de la justice qui est fondamental dans tout modèle. Tout ceci a été dépassé. Ouverture à l’étranger, je pense que c’est là un fait soutenu par l’histoire, le fait que l’ouverture soit un instrument pour le développement. Maintenant, où avons-nous vu les grandes critiques faites à ce modèle ? Essentiellement, je dirais qu’il faut les chercher du côté de la privatisation premièrement, et deuxièmement du côté de l’ouverture externe. Je crois que la privatisation, qui est l’un des sujets importants pour les modèles, à chaque fois qu’on nous le demande, je réponds que ce n’est pas un problème religieux. L’entreprise peut posséder une entreprise tant qu’elle respecte les règles du jeu. Les pays européens ont plusieurs entités publiques et elles obéissent aux règles du marché. La privatisation est donc un instrument, ce n’est pas un objectif. Si nous pouvons être d’accord avec cela nous pouvons vivre très bien, très heureux. Il en est de même dans le cas de l’ouverture. Nous mettons en doute l’ouverture et quelle est l’alternative, rester fermé ? Maintenant nous devons nous ouvrir mais intelligemment, nous devons négocier convenablement, bien sûr. Mais je pense que ces choses sont celles qui s’obtiennent grâce à l’expérience dont je parlais, aux leçons apprises, et en essayant d’aller vers le haut, vers l’objectif, en se basant sur la force de ces expériences. Plus qu’un nouveau modèle, je dirais, il s’agit d’essayer de corriger ce qui n’a pas marché dans le passé et surtout, ce qui est le plus important, posez-vous la question Monsieur l’Ambassadeur, honnêtement, pourquoi certaines choses marchent, pourquoi elles ont marché dans certains pays et pourquoi elles n’ont pas marché dans d’autres. Donc, quand nous arrivons à cette question et que nous pouvons y répondre, alors nous sommes sur le bon chemin car nous sommes en train d’apprendre nos leçons.

(Réponse à la deuxième question)
Bien, écoutez, je suis d’accord avec vous d’un point de vue social. Nous avons dans le programme de politique intérieure les aspects sociaux qui sont la pauvreté, l’exclusion, le chômage, et l’inégalité qui est assurément la plus difficile d’expliquer dans un monde comme celui d’aujourd’hui, dans lequel on voyage tout autour, comment est-il possible que cette région avec trois mille dollars par habitant a deux cent vingt millions de gens pauvres. Ceci est très compliqué. Je citais la Chine qui en est à mille dollars par habitant et mille trois cent millions de personnes, ce qui a rendu impossible de résoudre les problèmes de pauvreté totale et de faim. Il y a beaucoup de gens pauvres mais ils ont fait un effort, un important effort dans la bonne direction. Ils peuvent faire beaucoup avec mille dollars ; ils ont été capables de résoudre plus de problèmes que nous l’avons fait avec trois mille dollars par habitant. C’est donc là le thème principal et je pense que le problème fiscal est l’une des composantes. Ce n’est pas la seule mais c’est une composante importante et je crois que oui, que des réformes importantes sont en train d’être introduites. Je pense que certains pays connaissent un grand succès dans ce secteur, le Chili par exemple, qui a eu un énorme succès en matière d’augmenter les perceptions et d’éviter l’évasion fiscale. Et cela est vrai, les états pauvres ne peuvent pas vraiment contribuer aux solutions sociales, au thème social. Il doit exister une certaine capacité d’intervention et ceci tient compte du contrôle et du fait de fournir un marché pour manœuvrer dans les différents états. Il existe des programmes intéressants disponibles. Il y a eu plusieurs changements, des changements fiscaux. Aujourd’hui, je dirais, et en général, la question fiscale est au cœur de la pensée des gouvernements. Il y a un grand intérêt dans les pays en ce qui concerne la manière de traiter le sujet, et la façon de l’aborder. Il y a des exemples spécifiques de ceci qui fonctionnent bien actuellement. Merci.