Honorable Wilfred Elrington, Ministre des affaires étrangères du Belize,
Distingués Ambassadeurs et Représentants permanents,
Ambassadeurs, Observateurs permanents et observateurs suppléants,
Secrétaire général Luis Almagro,
Fonctionnaires du Secrétariat général,
Chers amis et proches,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie pour votre présence, et vous remercie de prendre part à un événement d'une très grande importance pour mon pays, le Belize, ma famille et surtout pour moi.
Au cours des 4 derniers mois depuis mon élection au poste de Secrétaire général adjoint, j'ai eu l'occasion de tenir des échanges avec les États membres et d'écouter leurs points de vue sur ce qu'ils attendent de moi en tant que commandant en second de cette organisation. Jusqu'à la semaine dernière, lorsque j'étais Représentant permanent au sein du Conseil permanent, j'ai eu l'occasion de connaitre de première main les opinions des États membres sur ce qu'ils attendent de cette nouvelle administration de l'OEA, dont je fais maintenant partie. J'ai aussi pris note.
Dans son premier discours, le Secrétaire général Almagro a déclaré que ce qui caractérisera le travail de cette administration pour les cinq prochaines années c'est "Plus de droits pour un plus grand nombre de personnes". Je voudrais profiter de l'occasion qui m'est donnée pour réitérer au Secrétaire général M. Almagro mon plus ferme engagement de travailler de très près avec lui, pour que nous formions l'équipe solide que les États membres nous ont demandé de constituer lors de notre élection. Je voudrais aussi remercier le Secrétaire général de s'être engagé publiquement à diriger cette organisation en travaillant avec moi en qualité de co-secrétaire général, de co-pilote, pour amener cette institution sur la voie que lui ont tracé les États membres au moyen de la vision stratégique.
Ce continent héberge un septième de la population mondiale ; l'Organisation des États Américains, la plus ancienne organisation et surtout l'organe politique de plus haut niveau pour le dialogue entre les pays du continent, a la capacité et la responsabilité de chercher des réponses et des solutions aux problèmes qui frappent cette population.
Distingués représentants, En qualité d'États membres, vous avez exprimé votre volonté et avez conféré à cette administration deux premières feuilles de route évolutives pour mener notre travail : la première, c'est la vision stratégique, qui établit les buts et objectifs pour la sphère d'action de l'Organisation. La seconde, c'est le Plan stratégique pour la modernisation de la gestion, qui est censé constituer un principe directeur sur le plan opérationnel des moyens que nous engagerons pour pouvoir raisonnablement accomplir cette action tout en rendant l'Organisation plus efficace et plus productive. À cet instant crucial, lorsque le courage de l'OEA est mis à l'épreuve, lorsque de partout, on appelle à sa revitalisation et capacité d'adaptation pour répondre aux besoins de ses États membres en ce 21e siècle, notre gestion de cette organisation sera jugée par notre fidélité et compétence réelles dans l'accomplissement et l'exécution des mandats contenus dans ces feuilles de route. Bien entendu, notre capacité de concrétiser et de réaliser ces mandats dépendra largement des ressources financières auxquelles nous pourrons accéder pour honorer ces engagements mais aussi du soutien politique continu des États membres.
J'entre en fonctions à un instant où les perspectives économiques de cette région ne sont pas aussi prometteuses qu'elles l'étaient il y a quelques années. Ce sombre tableau est susceptible de s'assombrir davantage pour la région, si l'on considère le contrecoup issu de l'instabilité croissante de la zone euro et du commerce qui sera détourné hors de cette région vers les pays qui sont parties au Partenariat transpacifique et au Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement. Toutefois, nous devons trouver les moyens de surmonter nos difficultés et créer un climat propice à la prospérité économique et sociale en identifiant de nouveaux domaines de coopération, des mécanismes de financement créatifs et en maximisant le potentiel catalyseur de l'OEA. L'impulsion d'une relation de travail beaucoup plus étroite avec les institutions multilatérales de financement comme la BID et la Banque mondiale serait une étape essentielle dans cette voie.
De nombreux États membres, surtout les petits États de la Caraïbe, poursuivent ardemment des investissements étrangers directs ainsi que le développement d'infrastructures et d'une connectivité maintenant essentielles. La plupart d'entre eux ont des difficultés au plan de la compétitivité et du renforcement des capacités mais aussi du développement durable en général. Tous les États membres recensent un très grand nombre de personnes qui doivent être instruites pour qu'elles soient productives selon les exigences du monde du 21e siècle ; nous travaillerons donc à l'établissement de partenariats publics-privés pour créer des synergies et élaborer des projets de développement viable à mettre en œuvre au moyen de mécanismes de coopération. Ces partenariats peuvent aussi nous aider à relever des défis pressants comme l'insécurité énergétique, la menace du changement climatique, les problèmes de sécurité et de droits de l'homme en rapport avec l'augmentation dans le déplacement des migrants économiques, et tous les maux qui s'y rapportent et caractérisent le manque de développement économique et social. Aucun des membres de cette organisation ne sera à l'abri des effets de ces difficultés régionales – directement ou indirectement – et l'axe central sur lequel est bâtie l'OEA exige que nous y fassions face. Pour cela, nous devons agir par anticipation. Nous devons commencer à travailler de plus près avec d'autres régions qui ont déjà mis en place des programmes ciblés sur le changement climatique et les secours humanitaires comme l'Union européenne pour trouver les moyens de les aider à coordonner les projet en cours. La Charte de l’OEA et ses piliers fondateurs, soit la démocratie, le développement intégré, les droits de la personne et la sécurité, la Charte démocratique interaméricaine et la Charte sociale des Amériques sont les textes sacrés et immuables qui orienteront les interventions de notre administration sur ces questions.
C'est avec cette toile de fond que je me présente à vous aujourd'hui, honoré que je suis d'être mandaté par vous, les États membres, pour remplir la haute fonction de Secrétaire général adjoint, à une période où notre continent entame une période historique en ce qui concerne Cuba et cette organisation. En avril dernier, le Sommet des Amériques qui s'est déroulé à Panama a été le premier Sommet où nous étions au complet, avec la participation de Cuba. Dans trois jours, soit le lundi 20 juillet, nous assisterons au rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis d’Amérique, après plus de 50 ans de rupture.
Nous traversons des moments historiques dans notre continent, nous voyons avec espoir le fait qu'un jour, Cuba revienne dans cette organisation et nous rendons hommage aux efforts du Secrétaire général Almagro pour trouver des mécanismes pratiques permettant le rapprochement avec Cuba. Il est possible que l'unanimité idéologique ne se concrétise jamais au sein de l'OEA. Toutefois, ce qui est important, ce n'est pas l'uniformité dans la pensée mais la recherche d'ententes et la construction d'objectifs communs au moyen d'une discussion respectueuse sur les différentes questions, avec un but précis, celui de consolider nos points de convergence et non de divergence. L'avenir de l'OEA sera déterminé par notre capacité à pouvoir collaborer entre nous, dans un climat de respect et de solidarité, malgré les divergences éventuelles entre des modes de pensée divers.
En tant que candidat à ce poste, j'ai fait part au Conseil permanent de ma vision de l'OEA, de sorte qu'elle soit plus dynamique en adoptant intégralement le Partenariat pour le développement afin de valoriser les interventions multidisciplinaires sur les nombreuses questions qui s'inscrivent dans notre mandat. J'ai aussi insisté sur la nécessité de donner à l'OEA un rôle plus visible à l'extérieur au moyen de la participation plus active des autres institutions du système interaméricain, des institutions multilatérales de financement, des groupes du secteur privé et des partenaires traditionnels et non traditionnels.
Dans cet engagement envers l'extérieur, les Observateurs permanents auprès de l'Organisation, deux fois plus nombreux que les États membres et qui représentent une région plus diverse du monde que les membres de cette organisation, sont également essentiels. Bon nombre des observateurs n'ont pas de mission ou de représentation diplomatique dans la plupart des États membres et l'OEA leur donne une plateforme inégalée qui leur permet d'entretenir des relations avec les États membres de l'OEA. Le Conseil permanent est le centre naturel des échanges entre les États membres et les observateurs permanents et, en tant que Secrétaire du Conseil permanent, je compte ouvrir cet espace de dialogue et d'échange régulièrement au lieu d'une fois par an durant la session ordinaire de l'Assemblée générale.
Cela dit, je voudrais revenir plus précisément à ces domaines thématiques que je compte cibler en particulier durant mon mandat de Secrétaire général adjoint. Je voudrais souligner que ces domaines sont pleinement conformes à la vision et aux priorités établies par le Secrétaire général lors de son discours d'investiture et qu'ils les complètent. Le premier, c'est l'inter-connectivité régionale. À mon avis, la connectivité à l'intérieur de notre région, en particulier la Caraïbe, est d'une importance capitale. J'ai l'intention de cibler les efforts sur la recherche de partenaires stratégiques et l'exploitation des cadres régionaux actuels pour promouvoir la connectivité dans les technologies de l’information et des communications, l'énergie et plusieurs modes de transport. Nous connaissons de nombreuses institutions multilatérales, sociétés privées et grandes institutions à but non lucratif qui sont actives dans ces domaines et je me propose de tirer parti du pouvoir mobilisateur de l'OEA pour regrouper ces possibilités éparses et en faire des initiatives exécutables et pratiques à l'appui de la connectivité. En deuxième lieu, je pense que pour la croissance économique se matérialise, il faut impérativement obtenir la participation du secteur privé, de concert avec une intervention habilitante des gouvernements, car c'est elle qui impulse la création d'emplois, l'avancement technologique, le développement des infrastructures, la créativité et l'innovation. Pour la plupart des États membres, ce sont les microentreprises et les petites et moyennes entreprises qui sont l'épine dorsale de leurs économies ; elles offrent l'espace économique propice à un esprit d'entreprise florissant, une jeunesse engagée dans une réflexion créatrice et indépendante et une population féminine autonomisée, dont les membres parviennent même à assurer l'entretien de la famille. C'est à ce titre que je m'engage à trouver des moyens pour aider les pays qui le demandent à entreprendre des mesures pratiques pour favoriser un plus grand investissement du secteur privé dans des domaines clés des économies de sorte à donner un élan à l'activité tant commerciale qu'économique, dans la mesure du possible.
En troisième lieu, comme vous le savez, notre région a succombé aux incidences néfastes du changement climatique et des catastrophes naturelles. Chaque année nous assistons à des catastrophes naturelles qui gagnent en intensité et en fréquence, dont les ouragans et les inondations; de plus, les épisodes de sécheresse saisonnière frappent les activités agricoles et les infrastructures et causent souvent le déplacement de la population dans le milieu rural. Parmi les autres incidences du changement climatique figurent le blanchissement des coraux dans certains des systèmes coralliens les plus immaculés de notre région ainsi que l'érosion des plages et littoraux, qui menacent ensuite le tourisme de marque et donc les moyens de subsistance de plusieurs de nos États membres en Amérique centrale et Caraïbes. Sa Sainteté le pape François, qui vient d'achever une tournée en Amérique du Sud, a appelé haut et fort à une direction convenable de notre planète au moyen d'une "action mondiale rapide et unie" contre la dégradation de l'environnement et le réchauffement de la planète. Nous savons bien qu'il existe d'autres organisations qui s'attachent aux questions de changement climatique et de catastrophes naturelles mais je crois fermement que l'OEA devrait aussi jouer un rôle dans cette question d'actualité pressante, et que nous devrions faire entendre notre voix commune. Le changement climatique nous touche chaque jour ; il fait partie de notre réalité. C'est pour cela que je m'engage à poursuivre le travail réalisé par l'administration précédente pour accroitre la sensibilisation sur ces questions. En particulier à la lumière de la prochaine Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, qui se déroulera à Paris en décembre prochain, une conférence que nos États membres espèrent sincèrement voir déboucher sur un accord, je compte trouver des moyens pour que l'OEA suive ce processus et, à longue échéance, élabore des propositions concrètes qui rassembleront les parties concernées pour tenter de répondre à nos besoins et tenir compte de nos insuffisances dans ces domaines.
En quatrième lieu, et cela s'inscrit dans mon engagement envers le partenariat pour le développement, je m'efforcerai de travailler plus étroitement avec le Groupe de travail mixte sur les Sommets pour tenir les promesses faites dans le cadre du processus des Sommets. Ce groupe rassemble 12 institutions internationales et interaméricaines qui, ensemble, mettent en commun des domaines d'expertise, des infrastructures et des financements pour contribuer à l'exécution de projets et programmes. J'entends utiliser ce mécanisme de façon plus efficace.
En cinquième lieu, la jeunesse : Pour bon nombre d'entre nous, les jeunes constituent la majorité de nos populations, et ils retiendront une bonne part de mon attention durant mon mandat. Mon objectif est de trouver des moyens d'aider nos jeunes à participer davantage dans les domaines social, culturel et économique de nos sociétés au moyen d'emplois sérieux, du contact avec les affaires publiques et leur devoir civique et d'une focalisation sur l'entrepreneuriat et leur épanouissement personnel en général. Comme proposition concrète, propice à une sensibilisation aux questions qui touchent les jeunes, la création d'ambassadeurs de bonne volonté, dont le travail sera principalement de rehausser l'image des jeunes dans notre continent. Vous êtes nombreux à connaitre les ambassadeurs de bonne volonté des Nations Unies qui, à cause de leur célébrité, ont rendu elles-mêmes célèbres d'innombrables questions à résoudre à travers le monde. C'est là un moyen novateur de jeter la lumière sur une question importante comme la jeunesse et j'entends introduire un tel modèle à l'OEA. Ce même modèle peut aussi être appliqué à plusieurs problèmes sociaux qui réclament une attention soutenue.
Nous travaillons actuellement sur une autre initiative novatrice et centrée sur les jeunes, le lancement de l'initiative STARS. STARS est l'acronyme de Strategic Alliance for Research and Studies (Partenariat stratégique pour la recherche et les études) ; cette initiative a pour but de trouver des jeunes à fort potentiel qui habitent des zones marginalisées et sont dans des foyers pauvres, d'encadrer et de financer intégralement leurs études dans des secteurs à forte demande et nécessitant de grandes qualifications après la fin de leurs études secondaires. Cette initiative sera financée par des partenariats avec des sociétés du secteur privé dans le cadre de la responsabilité sociale de l’entreprise.
En sixième lieu : le personnel du Secrétariat général. Dans un exposé prononcé après mon élection à ce poste, j'ai réaffirmé combien j'apprécie votre dévouement et travail assidu et combien je comprends que vos besoins doivent avoir la priorité. Vous êtes l'épine dorsale de cette organisation, c'est de vous que dépend sa survie, vous êtes son cœur battant. Sans vos compétences et vos efforts inlassables, nous n'aurions pas d'OEA digne de ce nom. C'est pourquoi je vous promets de travailler avec vous en partenariat et de faire cas de vos besoins en tant que personnel de l'Organisation. Je sais que vous avez besoin d'être valorisés, que vous avez besoin qu'on vous écoute, que vous méritez tous le respect. C'est à cause de cela que je compte participer aux réunions-débats de l'Association du personnel pour dialoguer sur les questions qui sont importantes pour vous, et qui seront organisées par le bureau du Secrétaire général. Je compte aussi travailler étroitement avec le nouveau bureau du médiateur, pour faire en sorte qu'il réponde aux grandes attentes qui s'y rattachent.
Enfin, mes collaborateurs travaillent déjà aux préparatifs qui aboutiront à une grande stratégie pour les bureaux hors siège de l'OEA, qui a pour but de renforcer ces bureaux en les faisant mieux connaitre à travers la région et en les équipant de telle sorte qu'ils soient à même de faire leur travail. Ces bureaux constituent les ambassades de cette organisation dans les divers États membres ; ils remplissent donc une fonction primordiale pour ce qui est de promouvoir la marque de l'OEA en dehors de Washington. Ils ont donc une tâche de grande envergure, qui est de communiquer avec les gouvernements des pays hôtes et d'autres organisations et entités intergouvernementales, le secteur privé, les acteurs non étatiques et la société civile. Tout cela les rend indispensables pour l'avancement des mandats confiés à l'Organisation, soit de promouvoir la démocratie, les droits de la personne, le développement et la sécurité.
Chers amis, Je m'en voudrais de conclure sans exprimer de nouveau ma profonde reconnaissance pour le soutien qui m'a permis d'être élu à ce poste important. Je remercie en particulier le Premier ministre du Belize, l'Honorable Dean Barrow, le ministre des Affaires étrangères Elrington et le gouvernement tout entier du Belize pour leur soutien inestimable.
Lorsque je me suis adressé à vous comme candidat, je vous ai fait part de mon intention de gérer conjointement cette organisation avec transparence, équité et des politiques non équivoques. Aujourd'hui, tout en vous remerciant pour la confiance placée en moi au moyen d'un mandat électif conséquent, en qualité de responsable élu et de co-pilote du Secrétaire général, je m'engage à rester fidèle à ces promesses. J'ai l'espoir de bâtir une solide relation de travail avec chacun des États membres pour assurer que notre Organisation des États Américains est à l'écoute des besoins de tous.
Chers collègues et amis, je suis ici pour servir les États membres et les peuples des Amériques. Unissons nos efforts pour le faire convenablement, et comme nos peuples le méritent. Merci beaucoup à tous.