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Communiqué de presse


COMMUNIQUÉ DE LA MISSION SPÉCIALE VISANT À RENFORCER LA DÉMOCRATIE EN HAÏTI: PROCÈS POUR LE MEURTRE D’ANTOINE IZMERY

  19 août 2004

L’assassinat d’Antoine Izmery, en 1993, a pris une énorme dimension politique et juridique, et est rapidement devenu un symbole des difficultés de la lutte pour la démocratie et un développement équitable en Haïti.

Ne serait-ce que pour cette raison, le procès de deux hommes ayant déjà été condamnés par contumace pour ce crime, Louis Jodel Chamblain et Jackson Joanis, devait susciter beaucoup d’intérêt. Le caractère hautement politique de cette affaire constituait un test pour l’impartialité du système judiciaire, tel qu’il se présente aujourd’hui en Haïti, alors que d’autres figures politiques importantes, dont l’ancien premier ministre Yvon Neptune, sont détenues en attente d’un procès.

De sérieuses carences ont été observées dans la conduite du procès et dans les procédures judiciaires appliquées. La hâte inexplicable que la poursuite a mise à préparer le procès, l’incapacité de présenter des preuves matérielles ou documentaires adéquates ou des témoins – voire même le manque de préparation de la poursuite – ont nui à la capacité du jury de porter un jugement éclairé sur un cas aussi complexe.

Plutôt qu’une démonstration du fait qu’on a tourné la page, comme le souhaite le gouvernement intérimaire, ce procès remet en cause la crédibilité du processus judiciaire et soulève des inquiétudes quant à l’intégrité de la vie politique haïtienne. Pour modifier cette perception, il faudra des efforts crédibles pour combattre l’impunité, le développement d’une bonne administration de la justice, surtout dans les affaires très délicates, et l’assurance d’un traitement équitable pour tous, choses qui de toute évidence manquaient dans le cas présent.

L’OEA s’est engagée à travailler au développement démocratique d’Haïti et continuera à soutenir les efforts des Haïtiens pour s’assurer que le système judiciaire remplisse ses devoirs. Si les autorités haïtiennes n’y arrivent pas, cela compromettra le développement d’un processus véritablement démocratique et la consolidation d’un état de droit en Haïti.

Référence : MEH-2