Centre de médias

Communiqué de presse


GRAVE PRÉOCCUPATION DU RAPPORTEUR SPÉCIAL
POUR LA LIBERTÉ D’EXPRESSION CONCERNANT LA SITUATION
DES JOURNALISTES ET DES MÉDIAS EN HAÏTI

  21 février 2003


Le Rapporteur spécial pour la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) de l’OEA, Eduardo Bertoni, se déclare gravement préoccupé par l’augmentation du nombre de menaces et d’actes de harcèlement subis par des journalistes, ce qui crée un climat défavorable à l’exercice du droit à la liberté d’expression en Haïti.

Selon les renseignements reçus, Michèle Montas, directrice de Radio Haïti Inter et veuve du journaliste Jean Dominique assassiné en 2000, a indiqué qu’elle continuait de recevoir des menaces qui mettent en danger son personnel. Pour cette raison, Radio Haïti Inter a annoncé que la station cesserait d’émettre à partir de samedi 22 février 2003 pour une période indéterminée.

De plus, il est préoccupant qu’en février 2003, les journalistes Jean-Numa Goudou et Nancy Roc, de Radio Métropole, aient été attaqués dans leurs domiciles. À titre de protestation contre les nombreuses menaces que la station a reçues depuis le début de l’année, son directeur a décidé de ne pas émettre de nouvelles pendant vingt-quatre heures. Au cours des derniers mois, diverses stations de radio ont dû elles aussi suspendre la transmission afin de protéger leur personnel et leurs locaux contre des menaces constantes. En particulier, Radio Maxima n’émet plus depuis que ses locaux ont été détruits en janvier. Aussi, les menaces et les agressions physiques sont beaucoup plus nombreuses ce qui oblige les journalistes à se cacher ou fuir pour se protéger.

Les attaques perpétrées contre les journalistes haïtiens depuis le début de 2003 ne sont pas des incidents isolés: les auteur du meurtre de Jean Léopold Dominique qui eut lieu en 2000, et ceux de celui de Brignol Lindor qui eut lieu en 2001, n’ont pas encore été punis, tout comme les auteurs de la tentative d’assassinat de Michèle Montas qui eut lieu en décembre 2002, lors de laquelle l’un des gardes du corps de Madame Montas fut assassiné.

Lors de deux visites effectuées en Haïti en 2002, M. Bertoni a eu l’occasion de recueillir des renseignements sur l’exercice de la liberté d’expression dans ce pays. Suite à ces visites, il a recommandé au Gouvernement haïtien de garantir l’exercice de la liberté d’expression de toutes les personnes. Une fois de plus, le Rapporteur rappelle que “la liberté d’expression n’implique pas uniquement la possibilité d’exprimer des idées et des opinions, mais également la possibilité de le faire sans souffrir des conséquences arbitraires ni être soumis à des actes d’intimidation”.


Rapporteur spécial pour la liberté d’expression
Washington, D.C.
21 février 2003

Référence : PREN-69-03