Bureau de Presse à la CIDH
Washington, D.C. - La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a soumis l'affaire 13.645 du Honduras à la Cour interaméricaine des droits de l'homme (Cour IDH) le 11 avril 2024 pour le décès de Leonela Zelaya, qui était une femme trans, et pour la situation d'impunité des faits.
Leonela Zelaya a été confrontée à une vie de violence et de discrimination en raison de son identité de genre. À l'âge de 34 ans, elle était travailleuse du sexe à Tegucigalpa et vivait avec Talía Rodríguez, qu'elle considérait comme une sœur. En 2004, elle a été battue par des agents de police, ce qui lui a causé des blessures. Peu après cet incident, elle a été retrouvée morte dans la rue et il a été établi qu'elle avait été tuée à l'aide d'une arme blanche.
Dans son rapport sur le fond n° 450/21, la Commission a établi que le meurtre de Leonela Zelaya était un transfémicide en raison de la violence et de l'état dans lequel son corps a été retrouvé, ainsi que du contexte de discrimination historique à l'encontre des personnes LGBTI au Honduras. Bien que conscient de ce contexte, l'État n'a pas pris de mesures efficaces pour prévenir ces crimes et n'a pas mené d'enquête adéquate sur le meurtre. En outre, la Commission a noté que Leonela Zelaya avait déjà subi des agressions de la part d'agents de l'État, et a donc considéré qu'il pouvait y avoir une implication de l'État dans sa mort, ce qui n'a pas été réfuté dans le cadre de l'enquête.
La Commission a constaté des lacunes dans l'enquête criminelle, l'État ayant ignoré des éléments qui suggéraient un crime de haine et une possible implication de l'État. Les autorités n'ont pas pris les mesures nécessaires pour identifier les témoins, rassembler les preuves sur le lieu du crime ou clarifier les détails de l'attaque. De surcroît, les documents officiels ne reflétaient pas correctement l'identité de Leonela, ce qui renforce les stéréotypes liés au genre. Par ailleurs, la Commission a noté que 17 ans s'étaient écoulés sans que l'enquête ne progresse de manière significative.
La Commission a également pris en compte les souffrances de sa famille, Talía Rodríguez, suite au décès de Leonela Zelaya, ainsi que l'absence de réponse judiciaire adéquate et opportune.
Par conséquent, la Commission a conclu que l'État est responsable de la violation des droits à la vie, à l'intégrité de la personne, aux garanties judiciaires, à l'honneur et à la dignité, à la liberté d'expression, à l'égalité et à la non-discrimination, et à la protection judiciaire établis aux articles 4.1, 5.1, 8.1, 11, 13, 24 et 25.1 de la Convention américaine, en relation avec l'article 1.1 du même instrument, et à l'article 7 de la Convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l'élimination de la violence contre la femme, au détriment de Leonela Zelaya et de Talía Rodríguez.
La Commission a recommandé que l'État prenne les mesures de réparation suivantes :
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No. 170/24
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