Bureau de Presse à la CIDH
Washington, D.C. - La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) et le Bureau du Rapporteur Spécial sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux (REDESCA) condamnent le meurtre du défenseur de l'environnement Juan López au Honduras et exhortent l'État à enquêter sur les faits rapidement et avec diligence, en considérant son travail de défense des droits humains comme un mobile possible du crime, conformément aux normes interaméricaines.
Dans la nuit du 14 septembre, Juan López a été tué par balles dans la municipalité de Tocoa, département de Colón. López, qui était bénéficiaire de mesures conservatoires octroyées par la CIDH en 2023, avait fait l'objet de menaces de mort, de filatures, de harcèlement et d'autres actes de violence en raison de son travail de défense de l'environnement. Ces mesures protègent également d'autres membres du Comité municipal de défense des biens communaux et publics de Tocoa.
La CIDH et le RESDESCA expriment leur préoccupation quant au contexte de violence contre les personnes défenseuses des droits humains au Honduras, en particulier celles qui luttent pour la protection de l'environnement, de la terre et du territoire. Cette situation a été documentée dans le récent Rapport sur la situation des droits humains au Honduras. En 2023, la Commission a condamné l'assassinat de cinq personnes défenseuses de l'environnement, dont quatre dans le département de Colón.
La Commission et le REDESCA prennent également note du rejet public exprimé par la présidente de la République du Honduras contre ce meurtre et réitèrent la nécessité d'une enquête diligente menant à la poursuite et à la punition des personnes matériellement et intellectuellement responsables du crime. Il est également essentiel que l'activité de la victime en tant que leader et défenseur de l'environnement, de la terre et du territoire soit prise en compte dans le cadre de l'enquête.
Les meurtres et autres actes de violence contre les personnes défenseuses des droits humains ont un effet multiplicateur qui va au-delà des préjudices individuels, car ils sont commis en représailles de leur travail et ont un effet d'intimidation sur ceux qui défendent des causes similaires. La CIDH et le REDESCA exhortent l'État hondurien à respecter pleinement les mesures conservatoires octroyées en faveur des membres du Comité municipal de défense des biens communs et publics de Tocoa, afin de protéger la vie et l'intégrité personnelle des bénéficiaires, ainsi que d'autres personnes défenseuses qui pourraient être en danger.
Pour sa part, l'État hondurien reconnaît la lutte et les défis historiques de ceux qui défendent les droits humains dans le pays, et a indiqué son engagement à respecter les mesures conservatoires octroyées au Comité municipal de défense des biens communs et publics de Tocoa et à renforcer le Mécanisme national de protection. Il a souligné sa volonté de mener une enquête rapide et efficace, en considérant la défense de l'environnement et des droits humains comme un motif possible, et de poursuivre les personnes matériellement et intellectuellement responsables du meurtre.
La Commission et le REDESCA demandent instamment à l'État hondurien d'aller de l'avant dans la mise en œuvre des recommandations du rapport de pays, notamment en veillant au bon fonctionnement du mécanisme national de protection des personnes défenseuses des droits humains, des journalistes, des communicateurs sociaux et des personnes opératrices judiciaires. La Commission réitère sa volonté de fournir une assistance technique et une coopération pour relever les défis identifiés et se conformer aux obligations internationales du pays. L'État a souligné son ouverture à collaborer avec la CIDH afin d'améliorer la situation des droits humains dans le pays, et sa volonté de mettre en œuvre ces recommandations.
Le Bureau du Rapporteur Spécial sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux est un bureau créé par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) en vue de renforcer la promotion et la protection des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux dans les Amériques, et de diriger les efforts de la Commission dans ce domaine.
La CIDH est un organe principal et autonome de l'Organisation des États Américains (OEA) dont le mandat émane de la Charte de l'OEA et de la Convention américaine relative aux droits de l'homme. La Commission interaméricaine a pour mandat de promouvoir le respect et la défense des droits de l'homme et de servir, dans ce domaine, d'organe consultatif de l'OEA. La CIDH est composée de sept membres indépendants, élus à titre personnel par l'Assemblée générale de l'OEA et qui ne représentent pas leurs pays d'origine ou de résidence.
No. 219/24
2:45 PM